C'est une équipe Maxi-Race "hybride", composée de Raphaël, Simon, Baptiste et Théo (deux jeunes renforts de Haute-Loire), qui s'est alignée au soir du 7 décembre sur la soixantième édition de la mythique SaintéLyon. Avec en prime une assistante logistique de choc, Marine!

Remontés comme des pendules, les quatre gaillards piaffaient bien vite d'impatience dans l'attente des douze coups du départ, mais déjà la préoccupation d'une organisation sans faille était vive. Entre raideurs et triathlètes, la culture de la transition est quelque chose de tout à fait partagé... Aussi chacun était-il vite au fait de son rôle dans l'histoire... Et quelle histoire!
Chacun regagne son poste à 23h30, laissant Baptiste faire chauffer le moteur... Être au départ, c'est pas de la tarte. En plus, ça caille grave! Mais c'est un Baptiste avec des cannes de feu et l'envie d'en découdre enfin qui s'aligne en zone Élite, le regard braqué sur Lyon. La tension monte, il a plusieurs milliers de trailers sur les talons. Mais le gars n'est pas un lapin de 6 semaines. Il sait démarrer, se placer, et gérer son effort. Et quand enfin les fauves sont lâchés, il est de suite aux avants-postes et allonge sur le bitume stéphanois. "Et comme je me rends compte que ça ne va pas si vite, je me paie le luxe de mener pendant près de deux kilomètres!" me dira-t-il plus tard...
Puis la route s'élève et les plus costauds se révèlent. Baptiste s'accroche mais là n'est pas sa spécialité. Pas d'inquiétude, il recolle sans problème dans les descentes devenues patinoires, qui lui vaudront deux gamelles mais de précieuses minutes au chrono sur ses concurrents moins habiles. On s'approche déjà de l'heure de course et Baptiste sait qu'il a fait le job, et comme il faut! Et pour cause, puisqu'il boucle les 16km (400D+) en 1'04 et propulse Théo en 2ème position.
Mon Théo c'est un triathlète, mais en vrai c'est juste un cycliste qui sait faire autre chose que pédaler. Les routes de la Loire il les connait bien. Il n'a que 18 ans mais ça fait déjà longtemps qu'il y tire la plaque. Et sa petite taille ne cache rien d'autre qu'un très gros moteur... Alors dans la montée inaugurale de Saint-Christo, il met tout de suite du braquet. C'est que la gars n'a pas vraiment l'habitude d'attaquer les cols avec du retard. Du coup il avale la bosse en deux temps trois foulées et rive ses yeux sur la loupiotte de l'échappé, à moins de 3 minutes.
Lui aussi en sera quitte pour quelques joyeuses vautres sur les hauteurs mais il lui en faut plus pour l'inquiéter. Il redouble d'effort quand les lumières des poursuivants se font menaçantes, et le voilà déjà pointer à Sainte-Catherine où le Raph ronge son frein depuis déjà trop longtemps à son goût. Et ces gars-là ne se connaissent pas davantage que par les deux heures passées ensemble à Saint-Étienne, mais une chose les rapproche irrémédiablement à cet instant : ce sont des compétiteurs hors pair. Ils ont soif de vitesse et la rage d'en découdre. La ceinture change de mains mais la fusée n'a pas ralenti.
Raph raconte : "le passage de relais a été court mais intense. Je sais pas vous mais pour moi, quelle joie de voir débouler Théo et être enfin libéré après avoir pensé à ce relais depuis plusieurs semaines! Seul objectif le refiler le plus vite possible à Simon, comme une patate chaude ; si je m'étais laisser aller j'aurais ouvert la ceinture trois bornes avant pour être sûr de ne pas perdre de temps. Ces moments ont, je trouve, une intensité décuplée dans la monotonie de la course. C'est trop bon."
Flaskback. Raph démarre en trombe comme à son habitude. Ce sont 25 km accidentés et glissants qui s'ouvrent devant lui dans la nuit noire. Qu'à cela ne tienne, il a un short à fleurs. Le team Terre de Running est loin, mais à corps vaillant rien d'impossible. Et s'il est aussi parti 2ème, il s'agit de conserver cette fragile place... Raph a oublié depuis longtemps qu'on s'était dit qu'un top 5 serait une super perf. Désormais, 5ème, c'est de la pisse de chat! Désormais, c'est podium ou reconversion dans le golf.
Il visualise mentalement mon maillot vert Maxi-Race au bout de la ligne droite de Soucieu : passer le relais, passer le relais... Il n'aura de repos qu'une fois cette fameuse ceinture refilée au dernier comparse. Et Raph avale les 25km en 1h47, soit 5 secondes de plus que son homologue de tête... Le troisième temps au scratch, à 1 minute d'un certain Patrick Bringer.
J'avais pris mes dispositions. J'étais échauffé, dans les starts. Je savais que ça n'allait pas trainer. Il est 3h54, et Raph lance le quatrième étage de la fusée avec 8 minutes d'avance sur le team Lafuma... J'ai repéré les quatre premiers hectomètres dans Soucieu. Pas question de perdre un instant d'hésitation sur le parcours. J'allonge en souplesse sur la piste roulante qui me lance sur la dernière section de la course. Le slalom commence : je rattrape massivement les randonneurs partis très tôt de Saint-Étienne. Gauche! Droite! 'Ttention! Je ne me sens pas super en canne et me fatigue inutilement dans cet exercice périlleux. De nouveaux sur la large piste j'essaie de me reconcentrer sur mon allure, sur le balisage et sur la montre. Tout va bien. Pas de raison que ça coince. Il suffit de rester concentré.
Vive douleur à gauche, la sensation de m'effondrer. Entorse de la cheville. Bien fait pour moi, je savais que j'aurais du la straper après la frayeur du début de semaine à l'entrainement. Ca irradie pas mal mais c'est solide. Je comprends vite que ça tiendra, à condition d'être prudent sur les quelques passages à risque à venir. Les sensations, le balisage, la montre. Je passe en 41' au 10km. C'est satisfaisant. Il suffit que je tienne le coup, et il peut toujours courir pour me reprendre 8 minutes. Et ça passe vite! Me voilà en bas de la dernière bosse. Je sais qu'il y a là une bonne patate, mais je connais les 5 derniers km : descente et plat. La Mulatière et Gerland, mon terrain d'entraînement! Je réduis à peine la foulée et ça passe sans forcer, sur la ventilation. Je déroule dans les rues, fais super gaffe dans les escaliers, et me voilà au-dessus de la Saône... Au-dessus du Rhône... À l'entrée du parc de Gerland. On y est. On va finir sur le podium. 2ème. Je traverse le parc comme lors de ma dernière séance au seuil, quand je m'imaginais cette fin de SaintéLyon, tout pareil... Les lumières... Le public... Les barrières... Les copains...
"Alors que le Team Maxi-Race en termine en 5h20, applaudissez-les bien fort!"

Baptiste : "Je fais du sport pour vivre de grandes émotions et cette nuit j'ai vibré pendant 5 h 20. Un grand merci à tous, coureurs et accompagnateurs."

Bise à tous.

Simon